Aldi : une cliente reçoit une amende de 650 euros pour avoir oublié de scanner une viennoiserie

En Suisse, une histoire insolite mais dramatique à la fois a récemment défrayé la chronique et relancé le débat autour de la consommation, des erreurs de caisse et de la sévérité des enseignes de grande distribution. Une quinquagénaire, cliente régulière d’un supermarché Aldi, s’est retrouvée au cœur d’une affaire judiciaire après un simple oubli lors du passage à une caisse automatique. En scannant ses courses comme à son habitude, elle n’a pas validé correctement un croissant à la pistache affiché à 0,85 franc suisse, soit environ 90 centimes d’euro. Ce qui aurait pu être réglé en quelques secondes par une explication et un geste commercial s’est transformé en véritable cauchemar administratif et judiciaire pour cette consommatrice, qui a fini par payer plus de 600 francs suisses, soit plus de 640 euros, pour un simple produit de boulangerie.
Tout a commencé dans un magasin Aldi situé à Baden, au nord de la Suisse. Comme beaucoup d’enseignes de la grande distribution, l’enseigne met à disposition des clients des caisses automatiques afin de fluidifier les passages et réduire les files d’attente. C’est en utilisant ce dispositif que la cliente en question a, selon ses propres mots, commis une erreur involontaire. Le croissant à la pistache qu’elle avait pris n’avait pas de code-barres, et elle affirme l’avoir enregistré manuellement. Mais en réalité, l’article ne s’est pas affiché sur son ticket. À la sortie, le vigile chargé de la sécurité l’intercepte et l’accuse de vol, une accusation qui, pour elle, semblait surréaliste. Elle a expliqué qu’il s’agissait d’un oubli, qu’il n’y avait aucune intention frauduleuse, et a même proposé de régler immédiatement le prix du croissant. Malgré ses explications et ses excuses, le magasin n’a rien voulu entendre.
L’enseigne a pris l’affaire très au sérieux et a considéré cet oubli comme un vol à l’étalage. Le vigile a demandé à la cliente de signer une déclaration d’aveux, ce qu’elle a refusé. Elle raconte qu’elle s’est sentie humiliée, comme une criminelle, pour une erreur de 85 centimes. Ce sentiment d’injustice a été renforcé lorsque la direction d’Aldi a décidé d’aller plus loin en interdisant à la cliente l’accès à l’ensemble de ses magasins en Suisse. En d’autres termes, pour une erreur minime, elle s’est retrouvée blacklistée de toutes les enseignes Aldi du pays, comme si elle représentait une menace pour la sécurité du commerce. Cette sanction radicale a surpris l’opinion publique, beaucoup estimant que la mesure était disproportionnée face à la gravité réelle des faits.
Mais ce qui aurait pu en rester là a pris une tournure encore plus sévère. Aldi a décidé de signaler l’incident à la justice, comme l’exige sa politique de tolérance zéro en matière de vol. Le parquet a rapidement ouvert une procédure et une ordonnance pénale a été rendue pour vol mineur. La cliente a d’abord reçu une amende de 200 francs suisses infligée par le magasin. À cela s’est ajoutée une nouvelle sanction de la justice : 100 francs d’amende et 300 francs de frais judiciaires. Au total, la malheureuse cliente a dû s’acquitter de 600 francs suisses, soit plus de 642 euros pour un croissant qu’elle avait pourtant tenté de payer. Ses recours en nullité ont été rejetés, renforçant encore son sentiment d’impuissance face à une machine judiciaire implacable.
L’affaire interroge sur plusieurs plans. D’abord sur l’utilisation des caisses automatiques, de plus en plus présentes dans les supermarchés et qui reposent entièrement sur la responsabilité du client. Ces dispositifs, censés simplifier la vie des consommateurs, augmentent en réalité les risques d’erreurs de saisie ou d’oublis involontaires. Une faute de quelques centimes peut alors être assimilée à une fraude. Ensuite, la question de la proportionnalité des sanctions est soulevée. Est-il juste de condamner une cliente à des centaines d’euros d’amende pour un produit qui ne dépasse pas un franc suisse ? Beaucoup de consommateurs y voient une forme de dérive sécuritaire, où la présomption de culpabilité prend le pas sur le bon sens et la tolérance.
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